Le temps, le temps ...
J'appuie sur le bouton et le parfum de la soupe de légumes est là ... Quelques minutes encore et je savoure ma tartine de Vache qui rit. Étrange pouvoir de quelques notes ...
Nous avons eu la télé tardivement, de même que le téléphone. Je ne me souviens pas avoir souffert de ces absences. Aucun sentiment de frustration, pas de jalousie ou d'envie maladive : nous n'avions pas, un point c'est tout.
Le poste de télé, c'était notre château en Espagne à nous. Et le divin appareil a eu sa place dans nos petites têtes bien avant son arrivée dans la salle à manger. Quand IL sera là, on pourra regarder La piste aux étoiles sans devoir attendre l'invitation de notre chère Denise. On découvrira Zorro, Poly, Thierry, Delphine, la Belle et son Sébastien... en direct, chez nous, assis sur nos chaises (on ne s'avachit pas, pas encore. Pas de fauteuils, pas de canapé : pas de laissez-aller inconvenant pas de place. Le petit écran, OK mais avec savoir-vivre). Ce sera le bonheur... Il paraîtrait que l'on apprécie mieux ce que l'on a longtemps espéré...
Les années passant, l'impatience est devenue une (ma ?) seconde nature. Tout tout de suite. Je maronne contre la lenteur de certains services, l'attente obligée, les délais imposés. Je déplore le manque de réactivité de l'employé derrière son guichet, la lenteur de l'opérateur, les QCM, passage obligé avant de pouvoir exprimer mes doléances...
Et pourtant, je devrais me souvenir : dans les années 60, plusieurs mois étaient nécessaires avant d'obtenir le précieux sésame : une ligne téléphonique, un numéro magique qui nous permettrait de joindre et d'être joints... premier fil à la patte que nous espérions avidement.
1963 c'est aussi un petit jeu dans un magazine reçu au Noël de cette même année (retrouvé par on ne sait quel miracle lors d'une virée chine)
J'avais 7 ans et déjà je regrettais les changements survenus entre les deux dessins. Je n'y voyais pas un simple jeu des différences mais la preuve que les jours, les années défilent inexorablement et que si certains, à l'image de cette famille idéale, s'en trouvaient bien, la nostalgie du temps qui passe était bien là et le charme s'en était allé.
Aux cubes ripolinés, sans âme, ceints de pelouses taillées au coupe-ongles, je préférais (déjà) les maisons un peu de guingois, les herbes folles, les barrières disjointes, les nids d'hirondelles sous les tuiles...
Question n°3 : La famille Dubonheur demeure à Paris (la plaque minéralogique fait foi). On peut donc en déduire que cette résidence est la fameuse "secondaire" (celle qui pousse les urbains, chaque fin de semaine, vers les routes encombrées) car la petite Parisienne que j'étais ne se rappelle pas un tel environnement bucolique dans la capitale -même en 1963-!
Les sourires réjouis et les mines épanouies sur le cliché 2 sont, de ce fait, un peu inexplicables : un immeuble se dresse maintenant fièrement dans ce qui n'était qu'une campagne perdue ? Que sont devenus la petite église et son joli clocher ?
Et c'est sur cette question mets ta physique (où tu veux mais mets la) que je vous dis :
Bonne nuit mes petits ...