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Marie-Floraline
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11 septembre 2014

Sépia ...

 

P1020444

J'ai longtemps écrit des textes en rapport avec mon enfance.
Les lieux, les personnes, les parfums... tout ce qui m'ôtait quelques 50 années de vie m'inspirait.
Je suis consciente que cette nostalgie peut lasser. Chacun a la sienne et celle du voisin au mieux indiffère au pire, ennuie. S'attendrir sur les jeunes années d'un inconnu n'est pas du goût de tous. Alors, nouveau grade aidant (mamie pour les non initiés), j'ai trempé ma plume dans un autre encrier. J'ai laissé de côté la fillette des années 60.
Mais c'est une obstinée cette gamine. Tout récemment et certainement pas par hasard -obstinée, vous dis-je-, j'ai découvert d'autres blogs. Des blogs qui pourraient être le mien, le plus souvent rédigés par de quasi jumelles astrales : ceci explique cela. Chemin faisant, j'ai retrouvé ces souvenirs d'une époque révolue où tout n'était peut-être pas aussi simple qu'il nous plait de le croire. La mémoire est trompeuse et nous restitue souvent ce que nous souhaiterions avoir vécu.
La blogueuse à laquelle je pense (et qui se reconnaîtra peut-être -encore faudrait-il qu'elle passe-) a écrit un fort joli texte inspiré par une photo familiale. Une de ces photos de vacances prises par un officiant du dimanche, maladroit, pressé, agacé par le vent qui décoiffe, le gamin qui se cure le nez et le cousin un peu trop gai qui chatouille sa voisine de pose.
J'ai eu envie de l'imiter. La photo n'est pas très nette. C'est un instantané pas un cliché d'art et le photographe était pressé de rejoindre l'assemblée.

C'est dimanche, ou alors un jour férié et carillonné d'été. Il fait beau, très beau, même. Nos tenues et nos yeux plissés face à l'objectif en témoignent. Je suis assise devant, sur un de ces fameux bancs que l'on ne trouvait que dans les salles communes de nos campagnes. Étroits, un peu bancals, le bois rugueux dans lequel ils avaient été taillés, gratifiaient nos cuisses d'échardes cruelles et niquaient les bas nylon des femmes des villes.
Je ris, la main sur la bouche, à côté de ma cousine récemment édentée. J'ai dû concocter une niche ou j'ai en tête une réflexion, une blague, une taquinerie qui amusera quelque temps la galerie. C'est ainsi : j'ai le boyau de la rigolade perpétuellement en mouvement. Petite fille solaire avide de bonheur. J'ai 5 ans et je sais que c'est vrai...
Ma grand-tante Mathilde a gardé sa coiffe. Son petit visage menu peine à montrer sa joie. Ne jamais trop se réjouir devait être son credo. Je ne crois pas avoir jamais entendu son rire. Ou alors juste un petit roucoulement discret, un chuintement vite réprimé. En face d'elle, sa fille qui sourit. Heureuse jeune maman... Et puis il y a Jean, François, Marie-Josèphe, François (!), Alban, Marie-Thérèse...
Sur la gauche de la photo, ma grand-mère et mon petit frère dûment chapeauté. Le soleil breton est traître...
Angèle est devenue une presque Parisienne qui ne revient au pays que le temps de longues vacances avec ses enfants et petits-enfants. Une dissidente. L'absence de coiffe, la robe claire à manches courtes et les sandales légères témoignent de son changement de statut.

C'était en août 61. Sur les 12 figurants, 7 ont disparu...  

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Commentaires
M
J'aime moi aussi regarder de temps en temps les photos de mon enfance ! Elles nous aident à ne pas oublier ces moments que nous avons vécus ! Et j'ai aussi la chance d'avoir des films de cette époque puisque mon papa a eu une caméra lorsque j'étais bébé:-)!
M
Ça y est! J'ai cessé de garder mes neveux, America est treminé, alors un mercredi ou un jeudi, si tu veux, on se retrouve du côté de chez toi avant les vacances et l'invasion attendue de mes petits savoyards pour les vacances
E
Je trouve ça si beau de rendre sa vigueur à une photo, toutes ses teintes, les humeurs, le fou-rire, la dent absente, les voix des aimés disparus, alors que le souvenir de cette journée n'a besoin que de la photo pour rendre tout le monde à la vie, à sa jeunesse, ses soucis d'alors tant oubliés aujourd'hui. Ils sont venus, ils sont tous là, et ceux qui n'y sont plus y sont encore, dans les souvenirs...
B
C'est le contraste de deux familles qui s'unissent à travers nos enfants , l'une genre norvégienne , l'autre noire ébène qui me fait dire qu'ils sont beaux , beaux dehors et beaux dedans , je vais avoir un ou une petite métisse , nous avons réussi à faire de nos enfants des adultes tolérants et équilibrés , j'ai hâte de voir cette merveille !
T
Je ne devais pas être bien loin de toi cet été-là, si tu vois ce que je veux dire...<br /> <br /> Même coupe de cheveux, même robe courte, socquettes bien tirées, nous ressemblions à des petites filles, et non à des mini-adultes comme souvent maintenant. <br /> <br /> Il existe quelque part chez moi (chez maman ?) une boîte à gâteaux (BN !) où s'accumulent en vrac des photos telles que celle-ci, dentelées, recourbées et craquantes comme des feuilles mortes. Les regarder me fait autant de mal que de bien. Je remercie la vie, le hasard et la chance de m'avoir offert ces moments exceptionnels de simplicité : les vacances chez les grand-parents à la campagne. Bon, ça fait un peu pub Herta, mais c'était délicieux.<br /> <br /> Tu dis que la mémoire est trompeuse, sans doute, elle sublime bien des choses, mais je crois sincèrement que protégées comme nous l'étions par deux voire trois générations devant nous, la vie était malgré tout bien douce.<br /> <br /> Bises<br /> <br /> Dominique
Marie-Floraline
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