Aimez-vous le sport ?
À en croire la Faculté, m'imposer régulièrement quelques heures intensément sportives serait la réponse, la solution à mes (nombreux) petits tracas quotidiens.
Tous les maux dont je souffre se trouveraient miraculeusement estourbis. Mes articulations, régénérées, travailleraient vaillamment à ce pour quoi elles sont génétiquement programmées. Mon coeur retrouverait un bon tempo, mes lombaires décoincées et toutes fringantes se feraient oublier.
Je suis d'un naturel plutôt optimiste. Optimisme qui pencherait fâcheusement même, vers la naïveté. Dans ces moments d'intense exaltation, ceux où je quitte le cabinet médical, plutôt rassurée sur mon état de santé relativement en accord avec mon âge, j'arrive à me persuader du bien-fondé de la prescription.
S'il suffit de presque rien, soit quelques années de moins, soit faire quelques folies de mon corps -à savoir, l'accompagner dans une salle de sport, lui imposer 3 ou 4 longueurs de bassin et des balades sportives en forêt- pour retrouver une forme quasi olympique, alors, à Dieu vat, je suis disposée à demander au premier passant croisé les coordonnées de son coach et à signer un pacte d'assiduité sur le champ.
Cet état de félicité dure peu. Mon envie de croire à un miracle –aussi infime soit-il- ne m’empêche pas d'en redouter les vilains côté.
Ceux qui vous voient courir sans but, jusqu'à suer sang et eau et vomir tripes et boyaux, supporter les hurlements de gamins surexcités et les plongeons mal ciblés de nageurs encore moins expérimentés que vous. Ceux, encore, qui, immanquablement, vont concourir à vous bousiller les chevilles dans des ornières ou les genoux sur le macadam.
Je l'avoue, j'ai d'autres rêves.
Et que l'on cesse de me rabâcher que, de ces séances de torture dépend ma survie. Les quelques centenaires dont on nous rebat régulièrement les oreilles offrent un panel d'existences totalement différentes et rarement exemplaires. Un tel a astiqué le zinc chaque jour de sa longue vie et l'astique encore, une autre ne craint pas d'enrichir l'industrie du tabac. Un troisième avoue s'être dépensé outrageusement, pis avoir brûlé sa vie par les deux bouts (il faut croire que, soit l'amadou n'était pas efficace, soit son passage sur terre était destiné à être plus qu'un passage).
Je vous l'accorde, certains sont des as de la pédale, des planches ou du trampoline mais, soyez en persuadés (rassurés même, frères et soeurs du non-sport), pas la majorité.
Entendons nous bien : inconscience n'étant pas mon second prénom, je ne prône pas les avantages d'une vie dissolue : équilibre, voilà le maître mot. Mais pas sur un fil.
Un point sur lequel tous ces heureux vieillards s'accordent est le fait d'aimer et d'être aimé. Pas d'arguments contraires à opposer à cette déclaration. Aimons nous... vivants autant que faire se peut.
Centenaire moi ? Et pourquoi non ? Mais accompagnée de mes proches. Entourée de mes filles. De gentilles octogénaires (pas gâteuses, bonne hérédité oblige) que j'appellerai, encore et toujours, Puces n° 1, 2 et 3. De mes jolies quinquas, ma Nana belle et ma Titounette. De leur descendance, enfin, sportive ou pas mais armée d'une furieuse envie de vivre, bien et le plus longtemps possible...
J'ai la désagréable impression que je brûle toutes mes cartouches bien trop rapidement.
L'inspiration est là. Sans plus attendre (des fois que j'oublie), j'écris, je publie. Mais je n'ai rien en réserve.
Mon prochain billet traitera de l'épargne.