Mister T. ...
Ça se corse comme disait (prétendent des quidams bien informés) le Petit Caporal. Mais je ne renonce pas, pas encore. J'attends les W, X, Y et Z pour déclarer lâchement forfait. En attendant ces jours bénis, les 18 mots choisis par des blogueurs d'exception sont :
Temps – taillader – thé – triturer ou se triturer – titiller – tortue – talentueux (se) – toucher – transfigurer – témoin – totem – table – turbulence(s) – transfert – terre – tomate -tonneau- terminer
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Je vais vous titiller, vous lasser, vous éreinter même et surtout, et je m’en amuse déjà...
Maintes et maintes fois évoquée, narrée, disséquée : mon enfance. J’ai tant de plaisir à revivre ces instants que, sans cesse sur le métier, je remets mon ouvrage.
Et les lecteurs me direz-vous ? Outre le fait que la gent lectrice est plus potentielle qu’effective, j’avoue avec une certaine délectation et devant témoins que je n’ai que faire des mécontents, des pas totalement satisfaits, des moqueurs et autres pisse-vinaigre, voire je les dédaigne.
"Nous saoule la Marie-Floraline avec ses réminiscences, ses regrets qui fleurent (!) la naphtaline et le renfermé. Se rêver talentueuse, à la droite de Jean-Jacques, Victor, Henri, Émile et les autres ... Imaginer nous toucher par la grâce de quelques anecdotes poussiéreuses, quelques mots, judicieusement pense-t-elle, choisis ... Ah si cela était possible, avec quelle jouissance et sans aucune honte, tailladerions nous cette page !"
J’ai 5, 6, 7 ans... Le beau Juillet est enfin là et je me réjouis des vacances prochaines dans mon joli coin de paradis. Dans la langue du bonheur, cette langue apprise au berceau, paradis se dit Bretagne. Je suis parfaitement bilingue : mes professeurs étaient doués, leur élève n’aspirait qu’à s’instruire...
Papa est heureux, Maman l’est tout autant, plus peut-être, devant le visage apaisé de cet homme qu’elle aime si fort. Les yeux de Petit Riri pétillent. La longue et si cruelle attente sera bientôt récompensée. La joie transfigure les visages...
Les valises sont vite prêtes et tout aussi rapidement ceinturées. Nul besoin de se triturer les méninges : deux ou trois shorts, quelques maillots de corps, une paire de méduses... le mot d’ordre paternel n’appelle aucune contestation : voyager léger, ne pas se transformer en ces pauvres tortues incapables de prendre la route sans leur maison sur le dos.
Ce dernier repas avant le transfert tant espéré est libre de contraintes et a déjà la saveur des pique-niques futurs. La table n’est pas dressée comme à l’accoutumé, les coudes ont droit de cité et les mains sont dispensées de fourchettes. Une tomate devenue, par on ne sait quelle faveur, mets de luxe, un fruit et pour terminer royalement ces agapes, quelques biscuits arrosés d’un bol de thé... les petites échauffourées inévitables dans toute fratrie digne de ce nom sont pardonnées, les parents, affairés, excusent une turbulence bien compréhensible : ce jour est béni des dieux.
Les heures s’égrènent doucement en été. Le soleil n’est pas avare de ses rayons qu’il darde sur une terre bientôt apaisée par une ondée bienfaisante. L’eau céleste emplit les tonneaux sans qu’il soit nécessaire d’invoquer une divinité au pied d’un quelconque totem. Les pommes agacent le palais. Le cidre sera bon ...
Les saisons étaient-elles plus disciplinées au temps béni de mon enfance ou cela me plaît-il de le croire ? Les souvenirs sont souvent trompeurs. Ils ont cette tendre couleur sépia, celle que l’on retrouve dans nos albums-photos, celle qui gomme toutes les ombres et fait paraître magique ce qui n’était qu’un quotidien somme toute, banal...
"C'est un trou de verdure, où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons."
Arthur Rimbaud / Le Dormeur du val