En parlant un peu de Paris ...
Je suis née à Paris et y ai vécu 25 ans... Dans les années 50/60, Paris était habité par des classes sociales diverses et variées. Ouvriers, artisans, employés de bureau, commerçants se côtoyaient dans un joyeux melting-pot. Tous les corps de métier étaient présents et personne n’y trouvait à redire. Quartiers auvergnats, bretons, corréziens puis, plus tard, espagnols, italiens ... Arrondissements aisés ou plus modestes : nous étions Parisiens comme d’autres sont Bordelais ou Marseillais et n’en tirions aucune gloriole. Pas d'admiration exagérée ou de superlatifs alambiqués envers ces lieux qui nous voyaient vivre. La ville lumière n'était pas une scène où nous paradions tels certains comédiens un soir de première, c'était chez nous, uniquement, tout simplement chez nous.
Les rues que nous parcourions chaque jour, ces squares, ces immeubles parfois fatigués... Nous les aimions comme on aime sa progéniture : d'un amour inconditionnel, indulgent et sans réserve. En reconnaissant leurs qualités et en admettant leurs défauts.
Nous étions à cent lieues du bobo dont on nous rebat les oreilles ...
Les travaux (au demeurant fort louables et d'un intérêt indiscutable) visant à améliorer la salubrité de la ville, à la moderniser, n’ont pas touché que la pierre : peu à peu, insidieusement, les classes laborieuses furent éjectées de la capitale. Expédiées manu militari de l’autre côté du périph...
Banlieue ... Il y a toujours une nuance de mépris lorsque l’on évoque la banlieue. Alors pour apaiser les esprits, on a créé un nouveau concept, on dit "Ile de France". L’expression est plus noble, elle sonne sacrément bien aux oreilles et ménage les susceptibilités. Elle permettrait presque de s’imaginer vivre dans un coin protégé, une île entre le ciel et l’eau ...
Comme bon nombre de Parisiens de naissance prolétaire, j’ai fui mon Paris. Pas vraiment par choix (je n’irais pas jusqu’à écrire contrainte et forcée... encore que ...) mais si l'on souhaitait souhaite acquérir un bien immobilier, vivre dans une surface décente et que l'on a un budget qui n'est pas extensible, difficile d’agir différemment...
Avant de franchir la ligne de démarcation, je me suis rappelée mon enfance. Mon oncle, ma tante et leurs petits princes habitaient Drancy. Cette ville (que je n'aimais pas) -ou était-ce ma propre famille qui ne m’agréait point ?- me paraissait se situer à des années lumière de Paris et nos voyages pour s'y rendre, avaient des allures d'équipée sauvage.
La petite Marie-Floraline ignorait les compromis : elle aimait son coin de Paris et la vraie campagne, celle des prés et des champs à perte de vue, sans barrière ni clôture : sa Bretagne, terre de ses racines maternelles. Entre ces 2 extrêmes, il n'y avait rien !
L'âge m'a appris la raison et la mesure : je me trouve plutôt bien, voire très bien, où je suis. J'avoue cependant que si une main bienveillante transportait ma maison et son jardin dans un quartier sympa de la capitale, je ne lui en voudrais pas.
Ah si Paris était à la campagne...
illustrations empruntées sur le net